Ci-dessous, je développe de manière structurée et opérationnelle ce que donnerait, par analogie directe, le principe holographique classique (chaque point contient l’information de l’ensemble) appliqué à l’encodage et à la transmission d’un ou plusieurs qubits.
L’analyse suit une logique physique cohérente avec l’optique quantique moderne et ce que des extensions futures permettraient.
1. Rappel du principe holographique classique
Dans un hologramme enregistré avec lumière classique :
-
Une interférence globale entre onde de référence et onde objet crée un motif d’amplitude et de phase.
-
Cette structure diffracte la lumière incidente.
-
Chaque point du volume holographique contient, en réalité, l’ensemble de la scène, encodé dans les franges d’interférence locales.
-
La reconstruction complète de l’image est possible à partir d’un fragment, avec une dégradation de résolution, mais pas une perte totale d’information.
C’est la propriété clé de redondance :
Information distribuée, non localisée.
2. Transposition au domaine quantique : que signifie “chaque point contient l’ensemble du qubit” ?
Un qubit photonique ≈ un mode spatial + une polarisation + une phase relative.
L’hologramme quantique (qu’il soit enregistré classiquement ou par interférence biphotonique) agit comme un opérateur linéaire sur un sous-espace de dimension 2ⁿ (pour n qubits).
Le principe holographique devient alors :
Localement, chaque voxel de l’hologramme implémente une partie de l’unitaire globale U agissant sur l’état quantique.
Mais cette action locale encode indirectement l’état de l'ensemble du qubit ou des qubits.
Cette assertion demande une précision formelle.
3. Un qubit est une fonction d’onde globale : l’hologramme agit localement sur une entité qui, elle, est globale
Un photon portant un qubit n’a pas un “point dans l'espace” qui porte l'état.
Son état est une fonction d’onde étendue et cohérente.
Si cette onde traverse un hologramme :
-
À chaque point de la matière, la fonction d’onde subit une modulation locale de phase/amplitude.
-
Mais l’état complet du qubit dépend de l’intégrale spatiale des interactions.
-
Donc : chaque point contribue à la transformation globale du qubit.
On retrouve alors une analogie exacte avec l’holographie classique :
(A) L’information quantique est distribuée
La totalité de l’état du qubit est modifiée par chaque point traversé, car chaque point contribue à l’unitaire U appliquée au qubit.
(B) Le qubit peut être reconstruit après interaction partielle
Un photon diffracté par un sous-ensemble de l’hologramme peut produire une reconstruction partielle de l'état, avec perte de fidélité mais pas perte totale.
Cela est analogue à la reconstruction d’une image holographique à partir d’un fragment.
4. Hologramme quantique avec plusieurs qubits
Pour plusieurs qubits photoniques (multi-photons ou multiplexage temporel), l’hologramme peut être considéré comme une matrice unitaire U ∈ SU(2ⁿ).
Le principe holographique classique donne une généralisation remarquable :
4.1. Chaque région de l’hologramme encode une représentation locale de la transformation globale U
Même si U agit sur un espace de dimension gigantesque (2ⁿ), ses propriétés peuvent être distribuées spatialement dans une structure volumique.
4.2. L’hologramme devient une mémoire quantique distribuée
Pour n qubits :
-
L’hologramme encode leur interférence multi-modes.
-
Un fragment de l’hologramme contient une signature partielle de l’intrication.
-
La recomposition à partir d’un fragment fournit :
-
l’état complet, mais bruité ;
-
l’intrication, mais avec une fidélité dégradée.
C’est rigoureusement analogue à la “résolution réduite” d’une image holographique.
5. Propriété clé : redondance quantique non-clonante
Attention : le phénomène ne viole pas le théorème de non-clonage.
Dans un hologramme classique :
Dans un hologramme quantique :
-
On encode une transformation, pas l’état lui-même.
-
La structure optique peut être dupliquée (hologramme reproduit), mais l’état quantique en sortie dépendra du photon incident.
C’est la nuance fondamentale qui assure la compatibilité avec la mécanique quantique.
En d'autres termes :
L’hologramme ne “contient” pas l’état quantique ;
il contient une fonction (unitary) permettant de l’extraire ou de le reconstruire.
Chaque point contient une portion de cette fonction.
6. Interprétation physiquement riche : hologramme = opérateur de convolution quantique
La propagation dans l’hologramme est mathématiquement équivalente à :
|ψ_out⟩ = ∫ H(x) · |ψ_in⟩ dx
Chaque voxelle contient un kernel local de transformation :
U_local(x)
et l’opérateur global est :
U = exp( ∫ f(x) U_local(x) dx )
Cela montre directement que :
-
Toutes les régions participent à l’unitaire globale.
-
Un fragment suffit à approximer U, donc à approximer la transformation du qubit.
Vous obtenez ainsi la transposition parfaite du phénomène classique.
7. Scénarios physiques concrets
7.1. Un seul qubit
Un fragment de l’hologramme produit :
-
la même transformation unitaire,
-
mais avec perte de fidélité,
-
car on réduit la résolution des franges d’interférence spatiales.
C’est l’analogue d’un hologramme tronqué → image plus floue.
Fidélité quantique ~ visibilité des franges disponibles.
7.2. Deux qubits intriqués
Chose fascinante :
L’hologramme peut conserver dans sa structure matière une signature de l’intrication enregistrée (par interférence biphotonique).
Un fragment reconstruit :
-
une approximation de l’intrication globale,
-
avec une entropie de mélange plus élevée,
-
mais l’information non locale n’est pas supprimée, elle est juste plus bruitée.
8. Synthèse : ce que donnerait la propriété holographique appliquée à des qubits
1. Redondance distribuée
Chaque point de l’hologramme contient une information partielle, mais cohérente, sur la transformation globale associée au qubit.
2. Reconstruction à partir de fragments
Un fragment permet de :
-
transmettre un qubit avec une fidélité < 1,
-
ou réimplémenter partiellement l’unitaire,
exactement comme une image holographique devient plus floue.
3. Préservation de la cohérence
Même fragmentaire, la reconstruction peut :
4. Compatibilité avec le non-clonage
On n’enregistre pas le qubit lui-même mais l’opérateur (front d’onde modulé) qui le modifie ou le reconstruit.
5. Pour plusieurs qubits
-
Fragment = reconstruction partielle d’une transformation SU(2ⁿ).
-
Intrication conservée dans une forme dégradée.
-
L’hologramme devient une mémoire distribuée de corrélations non classiques.
9. Si vous souhaitez aller plus loin
Je peux également développer :
-
un modèle mathématique explicite (matrices 2×2 ou 4×4 agissant sur |ψ⟩),
-
un schéma optique de laboratoire (cristaux photoréfractifs, SLM, OAM photoniques),
-
un concept d’hologramme quantique multi-couche pour transmission longue distance,
-
ou le parallèle avec le principe holographique cosmologique (’t Hooft / Susskind).
Souhaites-tu une représentation formelle ou un scénario technique complet ?